Le boycott de l’huile de palme pourrait inciter les cultivateurs à multiplier les surfaces destinées à la culture d’autres oléagineux. Mais grâce à sa productivité remarquable, l’huile de palme permet de répondre à la demande mondiale croissante en huile végétale tout en limitant l’accroissement des terres agricoles et donc, contrairement aux idées reçues, limiter la déforestation.
La productivité moyenne mondiale d’huile de palme est de 3,8 tonnes par hectare et par an (t/ha/an), de l’ordre de 6 t/ha/an dans de bonnes conditions agro-écologiques. Les rendements du palmier à huile sont exceptionnels par rapport aux autres oléagineux. De ce fait, en occupant 7 % des surfaces agricoles consacrées aux cultures oléagineuses et 1 % des terres agricoles mondiales, le palmier à huile assure 35 % de la production mondiale d’huile végétale, selon le Cirad. Par comparaison, le soja, le colza et le tournesol occupent respectivement 61 %, 18 % et 14 % des surfaces agricoles oléagineuses. Par ailleurs, l’huile de palme a les coûts de production les moins élevés des huiles végétales (jusqu’à 20 % de moins que le soja).
L’huile de palme a un autre avantage par rapport aux autres oléagineux. Le palmier n’est pas génétiquement modifié, alors qu’en 2014, 82% du soja et 25 % du colza étaient des OGM… Remplacer l’huile de palme par d’autres huiles à grande échelle demanderait beaucoup plus de terres, de pesticides et participerait à développer les OGM.
Au total, près de 50 millions de personnes vivent directement ou indirectement de la filière. En Indonésie, l’huile de palme génère de 1000 à 2000 dollars par an et par hectare. Ces revenus ont contribué significativement à la régression de la pauvreté et à l’émergence d’une classe moyenne rurale, selon le Cirad.
Comment limiter la déforestation ?
Selon Cécile Bessou, correspondant adjoint de la filière palmier à huile du Cirad, seulement 10 à 15 % de la déforestation indonésienne est liée au palmier à huile. La grande majorité de la déforestation est en réalité due aux activités minières et à l’extraction du bois. Ainsi, sur les 21 millions d’hectares de forêt primaire qui ont disparu en Indonésie entre 1990 et 2005, seulement 3 millions correspondent à la création de palmeraies. Selon des travaux de recherche, si l’on mettait en culture toutes les terres dégradées recensées à ce jour en Indonésie, notamment les surfaces déboisées suite à l’exploitation forestière ne présentant pas d’intérêt de biodiversité, les besoins en nouvelles terres seraient couverts jusqu’en 2050.
Techniques de l’ingénieur, Matthieu Combe