Huile de palme : pourquoi c’est difficile de s’en passer

15 November 2019

Peu chère et offrant des rendements record, l’huile de palme est pointée du doigt pour son impact environnemental. Mais la remplacer par une autre serait encore pire pour la déforestation.

L’huile de palme a mauvaise presse. En témoigne le vote à l’Assemblée de ce jeudi qui a suscité un tollé. Mais pourquoi l’huile de palme est-elle si critiquée?

D’abord, il faut savoir que l’huile de palme ce n’est pas nouveau. C’est une huile extraite des fruits d’un palmier, l’éléis de Guinée, qui est consommée depuis 5000 ans en Afrique. Le problème, c’est que cet oléagineux est sorti d’Afrique dans les années 70 et on s’est mis à l’exploiter intensivement en Asie pour l’industrie agroalimentaire.

Sa production est passée 5 millions de tonnes en 1980 à 76 millions cette année. Pourquoi un tel appétit? Parce que c’est une huile pas chère (550 euros la tonne contre 700 pour le tournesol et 4000 pour l’olive), qui n’a aucun goût et qui permet de conserver le croustillant et le moelleux des produits. Elle est présente dans plus du tiers des produits consommés en France: des pâtes à tartiner aux biscottes en passant par les céréales et les bonbons.

Elle est aussi très utilisée comme adjuvant des biocarburants, notamment le diesel. C’est pour cela que la France est le 3ème consommateur au monde d’huile de palme, loin toutefois derrière la Chine et l’Inde. La moitié de ce qu’elle importe est pour l’industrie de raffinage.

25 millions d’hectares

Et c’est justement le succès de cette huile de palme qui est pointée du doigt. Les surfaces exploitées ont explosé depuis 30 ans. Elles représentent aujourd’hui aux alentours de 25 millions d’hectares dans le monde, soit l’équivalent de la moitié du territoire français. Des surfaces agricoles qui ont pris la place de forêts, notamment en Indonésie et en Malaisie qui représentent à eux deux 85% de la production mondiale. On a tous vu ces images de déforestation qui menace de nombreuses espèces animales.

Mais l’huile de palme est aussi pointée du doigt par les nutritionnistes car elle contient beaucoup plus d’acides gras saturés que les autres huiles.

Si l’huile de palme est si mauvaise, pourquoi ne pas simplement la bannir?Parce que la remplacer par une autre huile serait pire pour l’environnement. Le palmier produit 4 tonnes d’huile par hectare soit 8 fois plus que le soja et 7 fois plus que le colza. Un rendement record qui permet de produire beaucoup sur de plus petites surfaces exploitées.

Une plante à fort rendement 

Aujourd’hui les palmiers à huile représentent 6% des surfaces d’oléagineux mais 33% de l’huile. Le soja c’est 40% des surfaces mais seulement 22% de l’huile. Les organisations de défense de l’environnement comme le WWF assurent qu’arrêter l’huile de palme serait pire pour l’environnement, il faudrait exploiter 7 à 8 plus de terres et déforester encore plus. Ensuite, c’est une huile pas chère de plus en plus prisée en Chine et en Inde. Avec l’élévation du niveau de vie, les consommateurs là-bas consomment de plus en plus de produits gras et l’huile de palme est plébiscitée.

Bannir l’huile de palme est donc une fausse bonne idée. Ce qu’il faut c’est produire une huile de palme durable. Aujourd’hui, 25% de l’huile de palme a une certification durable. Des certifications jugées insuffisantes, mais qui traduisent une prise de conscience mondiale de cette épineuse question environnementale.

BFM TV, Frédéric Bianchi

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